Article LE PARISIEN 29 août 2016
Polémique. Les habitants de Brioude (Haute-Loire) protestent contre le nouveau parcours de soins qui les contraint à se rendre à l'hôpital du Puy-en-Velay, alors qu'avant ils allaient à Clermont-Ferrand, plus facile d'accès.
C'est la dernière histoire de pot de terre contre le pot de fer. Un pot de terre dénommé Brioude, sous-préfecture de Haute-Loire de 7 000 habitants, avec son hôpital créé il y a plus de mille ans. Le pot de fer, c'est l'agence régionale de santé (ARS) de Lyon, chargée de constituer sur la région Auvergne - Rhône-Alpes les groupements hospitaliers de territoire dits GHT, créés par la loi Santé. L'ARS a décidé que les habitants de Brioude iraient se faire soigner à l'hôpital du Puy-en-Velay si leur pathologie ne pouvait pas être traitée sur place.
Un hôpital difficile d'accès
« Le Puy est à une heure de route au moins, et l'hiver il faut passer le col de Fix, qui n'est pas déneigé la nuit », peste Jean-Jacques Faucher. Maire (DVD) de Brioude depuis 1995 et président du conseil de surveillance de l'hôpital de Brioude. Il a demandé le 23 juillet à l'ARS une dérogation pour n'être rattaché à aucun GHT. La réponse est tombée vendredi : « La directrice de l'ARS rejette notre demande. » « C'est incompréhensible. Les Brivadois sont depuis toujours tournés vers Clermont-Ferrand, explique François Boudet, président du comité de vigilance de l'hôpital de Brioude. C'est à 60 km et facile d'accès par l'autoroute A 75. On va se soigner au CHU avec lequel notre hôpital a passé de nombreuses conventions de coopération. La loi dit bien que le GHT doit être constitué sur la base du parcours de soins des patients. Or, ici, personne ne va au Puy. L'hôpital, ne soigne pas les accidents vasculaires cérébraux, par exemple. En cas de problème grave, le patient devrait être orienté sur le CHU de Saint-Etienne, soit encore une heure de route ! »
Après avoir organisé des manifestations, être monté jusqu'au ministère de la Santé sans se faire entendre, le comité de vigilance a déposé il y a huit jours un recours gracieux auprès de... la directrice de l'ARS. « Si elle le rejette, alors nous intenterons une action devant le tribunal administratif pour erreur manifeste d'appréciation préjudiciable au patient, prévient Jean-Pierre Boudet. » Sollicitée, la directrice de l'ARS, Véronique Wallon, n'a pas donné suite.
La directrice de l'hôpital, Claire Meynadier, veut rester optimiste : « L'ARS m'a assurée que l'on pourra conserver les conventions passées avec Clermont-Ferrand. » En attendant, elle est contrainte de nouer des accords avec l'hôpital du Puy.
« C'est vraiment l'administration dans toute sa splendeur, s'agace Jean-Pierre Boudet. Vous pouvez compter sur nous pour engager des poursuites si jamais un patient contraint d'aller au Puy n'est pas bien pris en charge. »
Daniel Rosenweg