Les usagers de l’hôpital de Brioude avaient jusqu’à maintenant le choix, lorsque c’était nécessaire, d’aller soit au CHU de Clermont soit au CHER du Puy. Voire ailleurs.
L’adhésion obligatoire à un Groupement Hospitalier de Territoire élimine ce choix. L’usager du Centre hospitalier de Brioude devra suivre la filière du GHT auquel il sera rattaché, donc ça sera ou Le Puy ou Clermont dès la mise en place du système (juillet)
Au départ les GHT épousaient les frontières départementales mais considérant que Brioude avait de très nombreux liens avec Issoire et Clermont mais aussi quelques collaborations avec Le Puy, l’ARS a proposé au CH de Brioude de choisir vers qui il voulait aller.
Toutes les instances de l’hôpital se sont prononcées pour Clermont. TOUTES.
Les collaborations avec Le Puy montrent très vite leurs limites :
- Ophtalmologie prévoyait 500 opérations de cataracte or il n’y en a eu que 35 en 2015
- L’Hospitalisation à domicile implantée à Brioude sous la conduite du Puy ne marche absolument pas.
- Les coopérations avec les praticiens du Puy se terminent parfois par des propositions d’opération au CHER ou dans d’autres établissements car des praticiens viennent un peu « faire leurs courses » à Brioude.
- Le CHER du Puy est lui-même très dépendant du CHU de Saint-Etienne, les usagers brivadois imaginent mal un transfert à 2 heures de chez eux quand ils peuvent être correctement pris en charge à 45 minutes (sans parler de qualité et de sécurité des routes).
L’axe Brioude-Issoire-Clermont s’impose naturellement :
- La plupart des médecins de ville ont des contacts sur Clermont. Ils en connaissent toutes les potentialités. (Eux aussi se sont prononcés pour le GHT de Clermont)
- Le scanner d’Issoire a, lors de son installation, été présenté comme un outil COMMUN aux deux hôpitaux. Brioude possède un créneau horaire dans l’utilisation du scanner.
- Des scénarios de rapprochement avec Issoire sont envisagés pour développer les services à moindre coût, pour réduire les déficits.
- Les conventions existantes avec le CHU fonctionnent parfaitement offrant une sécurité et des compétences supplémentaires aux patients.
- Pour les usagers, le transfert à Clermont est une tradition qui n’est pas négociable. Il n’existe pas d’argument médical pour justifier un changement. Les usagers savent qu’il y a à Clermont (à 45 minutes maximum) un praticien capable de les soigner aussi bien au CHU que dans les cliniques privées.
Contre toute attente et, semble-t-il, seulement en prenant en compte les désirs du CHER, désirs très soutenus politiquement, il est probable que l’ARS impose au CH de Brioude d’adhérer au GHT du Puy.
Donc si telle est la décision, les patients brivadois hospitalisés au CH de Brioude seront en cas de nécessité orientés vers Le Puy puis éventuellement vers Saint-Etienne.
Le patient qui voudra une autre orientation devra quitter l’hôpital et chercher sur Clermont une clinique qui voudra bien le soigner car le CHU ne le pourra pas.
Des praticiens vont quitter Brioude. Ceux du Puy, surement peu habitués aux routes sinueuses et dangereuses, vont très vite oublier les blocs opératoires de Brioude d’où une très rapide fermeture de la chirurgie.
Les personnes accidentées du brivadois, les malades vont rapidement demander à être pris en charge par les urgences du Puy de Dôme d’où fermeture du service.
Les malades qui doivent être hospitalisés vont demander à leur médecin une hospitalisation directe sur Clermont d’où fermeture de la médecine spécialisée.
Le centre hospitalier de Brioude deviendra hôpital à bobos, SSR, HEPAD.
Les Usagers savent ce qu’ils doivent faire :
- Les uns choisiront sans problème les cliniques privées avec des dépassements nombreux et conséquents.
- Le patient ordinaire cherchera avec angoisse une solution moins onéreuse avec de l’attente, avec un confort minimum.
- Les moins favorisés qui n’auront pas les moyens de quitter le service public soit accepteront les voyage épuisants entre BRIOUDE, Le PUY, SAINT ETIENNE, soit abandonneront l’idée de soins désormais impossibles sur place.
- Représentant les personnes en situation de handicap, j’imagine avec horreur les difficultés qu’elles et leur famille vont devoir affronter.
Aujourd’hui nous en sommes là : telle est la loi, imaginée à Paris, imposée par la Région, défendue par de petits égoïsmes locaux. Ce qui nous est imposé ce n’est plus l’Hôpital à 2 vitesses, c’est l’Hôpital à 3 vitesses avec l’option « mouroir » !
Est-ce politiquement acceptable ? C’est aux politiques de le dire car il s’agit bien exclusivement d’un problème politique.
La décision sera irrévocable et aujourd’hui elle dépend en fait du bon vouloir d’un seul homme : lourde responsabilité que d’aller à l’encontre des choix de toute une population mais pour un Politique tout est possible !
Représentant les Usagers
Membre du Conseil de Surveillance