Compte-rendu de l'assemblée générale du 13 mars 2019

Une cinquantaine de personnes ont assisté à l'assemblée générale du Comité qui s'est tenue le 13 mars 2019.

En ouverture, François Boudet, président du Comité, a dressé le bilan de l'année écoulée, retracé les activités du Comité et dressé le tableau de la situation sur le bassin de santé de Brioude.

Le scanner 
Après 14 années de mobilisation de la population, des élus et du comité de vigilance, un scanner devrait être installé à Brioude avant la fin de l'année. Si l'autorisation a été accordée, si le financement est assuré, le comité reste vigilant, des incertitudes demeurent sur sa mise en place et son fonctionnement. Le comité continuera de suivre de très près ce dossier. 
Plusieurs rencontres avec le député Vigier ont eu lieu sur ce sujet et sur les problèmes de santé sur le territoire.

L'hôpital
L'hôpital poursuit son développement en multipliant ses activités. Toutefois certaines consultations externes rencontrent des difficultés (cardiologie, dermatologie, …)
Plusieurs rencontres entre le comité et la direction de l'hôpital ont eu lieu pour faire le point sur l'évolution de la situation.
Le projet de loi santé, actuellement en discussion à l'Assemblée Nationale est inquiétant. En effet, le "projet de loi relatif à l’organisation et à la transformation du système de santé" prévoit la création de 500 à 600 hôpitaux dits "de proximité". Si ces hôpitaux exerceront une activité de médecine, proposeront des consultations de spécialistes et des plateaux d'imagerie, ils n'auront plus aucune activité de chirurgie et d'obstétrique.
Il existe actuellement 223 hôpitaux de proximité en France (comme Langeac ou Craponne). Le passage de 500 ou 600 pourrait constituer un danger pour l'hôpital de Brioude, tel que nous le connaissons.

Le rattachement au GHT Haute-Loire
Le recours du comité de vigilance auprès du tribunal administratif a été débouté en première instance et une procédure en appel est en cours.
Le rattachement de l'hôpital de Brioude au GHT de la Haute-Loire est une aberration qui aura des conséquences négatives avec le renforcement du rôle du GHT et la mise en place du paiement au parcours de soins prévus par la nouvelle loi santé.
Une rencontre est envisagée entre le comité de vigilance et le directeur du CHU de Clermont Ferrand qui n'est pas hostile au rattachement de l'hôpital de Brioude au GHT Allier-Puy-de-Dôme.


La désertification médicale

La pénurie de médecins perdure sur le brivadois avec 9 médecins seulement en exercice, alors que 14 seraient nécessaires pour couvrir les besoins de la population.
A Blesle, le remplacement du médecin qui part à la retraite est assurée. A Brioude le projet d'un cabinet médical dans l'immeuble Flore tarde à se mettre en place.
Pour le comité, d'autres solutions existent, par exemple celle d'un centre de santé adossé à l'hôpital. Cette solution a reçu un avis favorable auprès des différentes instances et personnes que le Comité a rencontrées : le Conseil de l'Ordre des Médecins, l'Agence Régionale de Santé, la direction de l'hôpital, Mme la sous-préfète.
Tout au long de l'année 2018, le Comité a multiplié les démarches et les interventions pour trouver une solution à ce problème : auprès de Jean-Jacques Faucher, président de la Communauté de Communes (également maire de Brioude et président du Conseil de surveillance de l'hôpital), pour réunir un groupe de travail avec tous les acteurs concernés :
auprès des trois présidents des communautés de communes du Pays de Lafayette (Brioude Sud Auvergne, Auzon communauté, et Rives du Haut-Allier) pour engager une nouvelle charte de cohésion sociale et un nouveau contrat local de santé (démarche soutenue par madame  la sous-préfète) qui avaient été abandonnés après le départ de son animateur. 
L'existence d'une charte de cohésion sociale et d'un contrat local de santé sont des outils qui ont montré leur utilité et leur efficacité à Paulhaguet, Saugues et Langeac.
Après des tergiversations, il semblerait qu'une nouvelle charte soit sur le point d'être signée. 
Après avoir rendu hommage à Léon Martin, figure emblématique du Comité de vigilance et qui fut à l'origine de ce long combat pour l'obtention d'un scanner, François Boudet invite l'assistance à s'exprimer.

Premier intervenant, Alain Garnier (maire de Saint-Georges-d'Aurac) tient à saluer la ténacité du comité de vigilance sur les sujets sensibles que sont le scanner et le déficit de médecins. Il insiste sur le rôle et la responsabilité des élus face aux problèmes de santé, un rôle et une responsabilité d'autant plus grands que la population de nos territoires est vieillissante.

Dominique Bejot revient sur la mise en place des GHT qui aboutit à la perte d'autonomie des "petits" hôpitaux comme celui de Brioude. La réforme des structures hospitalières pourrait aboutir à faire de Brioude un hôpital de proximité, ce qui entraînerait la perte de la chirurgie.
Plutôt que d'être le pôle nord du Puy, Brioude pourrait être le pôle sud de Clermont-Ferrand. Il faudrait une synergie plus grande entre Brioude, Saint-Flour et Issoire, mais il appartient aux présidents des conseils de surveillance d'en prendre l'initiative et d'anticiper les évolutions à venir.

Myriam Bonnour précise que les services d'urgence sont également menacés par la mise en place des hôpitaux de proximité.

François Boudet rapporte les propos du directeur régional de l'ARS, pour qui "l'hôpital de Brioude doit exister". Mais les décisions se prennent au niveau national. Il informe l'assemblée que le comité de vigilance, profitant du Grand Débat, a adressé une lettre au président Macron sur le rattachement de l'hôpital de Brioude au GHT Haute-Loire, lettre qui sera également remise en main propre au Ministère de la santé.

Annick Roman s'étonne de l'installation d'une IRM à Yssingeaux. Serge Longeon précise que cette opération reviendra à plus de 2 millions d'euros, dont 1 million pour rénover l'ancienne chapelle qui servira de locaux. Une décision d'autant plus incompréhensible que l'hôpital Jacques Barrot ne dispose ni de service radiologie, ni de radiologues. S'il se dit satisfait pour les yssingelais, il déplore une différence de traitement entre l'est et l'ouest du département.

Patrick Matho signale que le projet de cabinet médical, s'il voit le jour, pourrait bénéficier de
subventions de la région (34% du coût du projet). Il trouve regrettable que de l'argent public serve à financer des projets privés. La Région a consacré près de 7 millions d'euros en 2018 pour lutter contre la désertification médicale, mais seulement 5% de cette somme est allée à des projets publics.
Il suppose que c'est parce qu'il n'y a pas assez de projets portés par les collectivités. Il cite des exemples de collectivités de toute taille, y compris très petites, qui créent des centres de santé avec des médecins salariés. Un grand nombre sont en équilibre financier, voire bénéficiaires. Pour lui, les élus se disent attentifs, mais en fait, ils sont attentistes.
Il constate avec amertume que les brivadois auront attendu 14 ans pour obtenir un scanner alors que les yssingelais n'attendront guère plus de 2 ans pour avoir une IRM.

Marie Christine Eyraud (qui représente Jean-Jacques Faucher) réagit en affirmant que la communauté de communes agit pour la santé : la charte de cohésion sociale va être réactivée et un animateur sera recruté. Les médecins constituent un élément essentiel dans la mise en place de solution, mais le dialogue n'est pas toujours facile. Elle précise que le cabinet Flore répond à une demande des médecins. 
Le problème de la pénurie n'est pas lié au nombre de médecins, mais à leur répartition.

Pour Christophe Bedrossian, la CCBSA manque de volontarisme. Dans le budget 2019, 40 000€ seulement sont consacrés à la santé, sans que soit défini à quoi ils serviront. Le seul projet porté à ce jour est celui du cabinet médical dans l'immeuble Flore. Il faut un véritable projet de santé pour la CCBSA. Il croit plus à la pertinence d'un centre de santé adossé à l'hôpital, d'autant plus que les jeunes médecins veulent du salariat. Un projet d'hospitalisation à domicile pourrait également être développé.

Anaïs Roussange, attachée du député Vigier (retenu à l'Assemblée Nationale) annonce que le projet de maison médicale dans l'immeuble Flore, porté par le docteur Korti, est officiellement abandonné depuis ce jour, une annonce qui suscite des remous dans l'assemblée.

Alexis Juillard déclare qu'il faut une volonté forte pour construire un projet de santé. Ils invitent ses collègues conseillers communautaires à se rassembler autour de cet objectif.

Marie-Noelle Matho s'indigne que la CCBSA ne consacre guère plus d'argent à la santé qu'elle n'en consacre à la réfection des fenêtres et volets pour son siège.

Une intervenante revient sur la nécessité de faire quelque chose avec l'hôpital d'Issoire et de travailler
avec Clermont-Ferrand. Issoire et Brioude ont besoin l'un de l'autre.

Christian Caillié pense qu'il serait temps de relancer le réseau de ville Brioude-Issoire-Saint-Flour qui avait été abandonné parce qu'il n'y avait pas de projet fédérateur entre ces trois villes. Ce réseau pourrait être un levier pour impulser une collaboration entre les trois hôpitaux.

André Chapaveire, souscrit à l'idée d'une maison de santé publique. L'argent n'est pas un problème majeur. Ce qu'il faut, c'est une volonté des élus. Il cite l'exemple de Costaros qui n'est pourtant qu'une petite commune. Il faut également remettre en réseau Issoire, Brioude et Saint-Flour.

Une intervenante signale que des collaborations existent déjà entre Issoire, Brioude et le Cantal avec la mise en place des CAM.

Alain Garnier apporte le témoignage de l'installation de médecins en zone rurale. Les exemples de Paulhaguet et de Langeac montrent que les obstacles sont surmontables s'il y a une volonté collective, une volonté des élus, une volonté des professionnels de santé. L'élu doit être à l'écoute de la santé du citoyen, il doit en faire sa première préoccupation.

Après cette discussion, le trésorier présente le bilan financier pour l'année 2018. L'exercice présente un déficit de 791,18 €, dus aux frais d'avocat pour le recours devant le tribunal administratif. L'avoir du Comité est positif.
Quitus est donné au trésorier.

Conformément aux statuts, il est procédé au renouvellement du tiers des membres du conseil d'administration du comité de vigilance.
Annie-France Nozière-Negron démissionnaire est remplacée par Christian Caillié.