Lettre ouverte au Président de la Communauté de communes Brioude Sud Auvergne

Monsieur le Président de la Communauté de Communes de Brioude Sud-Auvergne,
 
Cela fait 5 ans que le comité de vigilance a lancé l'alerte sur le déficit de médecins généralistes et spécialistes sur le bassin de santé de Brioude.
Il y avait 11 médecins généralistes en 2016 (9 sur Brioude, 1 à Blesle et 1 à Arvant) et quelques spécialistes (1 cardiologue, 1 ophtalmologue, 1 psychiatre...)
Il manquait alors déjà 5 médecins généralistes sur la ville de Brioude puisque le conseil de l'ordre estime à 14 le nombre de praticiens nécessaire.
Les résultats de l'enquête menée par le comité de vigilance à l'occasion des "assises de la santé" tenues au printemps 2017 avaient mis en évidence qu'un brivadois sur 5 avait des difficultés à trouver un médecin traitant.
D'autre part, la population éprouve de plus en plus de difficultés à obtenir un rendez-vous dans un délai raisonnable auprès d'un médecin, y compris de leur médecin traitant.
Cinq ans plus tard, la situation n'a malheureusement pas évolué favorablement.
Il n'y a plus de cardiologue ni d'ophtalmologue ni de psychiatre sur Brioude et s'il y a toujours 11 médecins généralistes sur le bassin de santé, certain(e)s n'exercent pas à plein temps.
Il est donc nécessaire de réfléchir à des solutions pérennes pour pallier la pénurie existante.
 
La presse locale a récemment fait état des pistes proposées par les élus de la Communauté de Communes : mise en place d'une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), signature d'un contrat local de santé, création d'une "maison de garde" dans l'enceinte du centre hospitalier, "pépinière" de médecins (cabinet de soins non programmés) dans l'ancienne école Jean Pradier.
 
Nous considérons que le contrat local de santé peut constituer un outil intéressant pour réduire les inégalités territoriales et sociales en matière de santé mais cela suppose que chacune des différentes parties prenantes (Communauté de communes, Conseil Départemental, Agence Régionale Santé, Hôpital de Brioude, Ordre des médecins, Caisse Primaire d'Assurance Maladie et Mutualité Sociale Agricole) s'implique fortement pour faire vivre ses objectifs.
Le comité de vigilance exprime sa volonté d'être partenaire de ce contrat afin de pouvoir faire valoir les besoins des usagers du système de santé.
 
Nous estimons que la mise en place d'une communauté professionnelle de santé est pertinente à condition qu'elle regroupe la majeure partie des professionnels de santé (médecins, dentistes, infirmiers, kinés, pharmaciens…) du Brivadois et qu'elle puisse permettre une meilleure coordination entre eux et une amélioration de la prise en charge des patients.
 
Nous pensons que l'ouverture prochaine d'une "maison de garde" dans l'enceinte de l'hôpital de Brioude peut permettre d'améliorer le système de garde grâce à une rotation des médecins hospitaliers et de ville.
 
Nous considérons que la mise en place à Jean Pradier d'un "cabinet de soins non programmés" avec des internes en fin de stage peut permettre de prendre en charge des patients qui n'ont plus de médecin traitant mais que cela ne résoudra pas le problème du déficit de médecins.
 
Pour le comité de vigilance, il convient de réfléchir à une stratégie à long terme ayant pour objectif de trouver des solutions pérennes au manque de praticiens et de déployer des actions volontaristes en ce sens.
Le bassin de santé de Brioude n'est pas le seul à être confronté à une désertification médicale ; nous avons étudié comment d'autres départements et communautés de communes ont procédé.
Au vu de ce qui se fait ailleurs et de ce qui marche, nous proposons que 2 pistes complémentaires soient explorées :
 
1/ La création d'un centre de santé adossé à l'hôpital comprenant des médecins salariés.
La "maison médicale de garde" pourrait en constituer l'embryon.
À nos yeux, les élus, l'Agence Régionale de Santé et la direction de l'hôpital devraient s'impliquer dans un tel projet
Cette proposition ne nous semble pas inaccessible car des conseils départementaux ou communautaires ont créé des centres de santé qui fonctionnement bien et que des enquêtes révèlent que bon nombre de jeunes médecins ou de praticiens proches de la retraite sont favorables à travailler dans une structure de ce type.
 
2/ la création d'une maison de santé libérale.
Il en existe beaucoup en France, l'efficacité de celle de Langeac est reconnue de tous.
 
Nous pensons qu'il convient d'apporter une attention particulière aux conditions d'accueil de nouveaux médecins et de leur famille.
Cela passe, selon nous, par le fait que la Communauté de communes ait des logements disponibles à leur proposer dès qu'ils envisagent de s'installer sur le Brivadois.
 
Vous l'aurez compris : nous enregistrons positivement les mesures de court et moyen terme que vous prenez mais nous souhaitons que la Communauté de communes réfléchisse à des solutions ambitieuses à plus long terme afin d'en finir avec la situation de pénurie qui affecte la population.
 
Vous pouvez compter sur notre détermination pour faire avancer positivement ce dossier brûlant.
Nous allons lancer une intense campagne d'information auprès de la population du bassin de santé sur ce sujet afin qu'elle s'en saisisse, comme elle a su le faire pour l'obtention du scanner à l'hôpital.
La question des solutions au déficit de médecins sera au centre des débats de la prochaine assemblée générale du comité de vigilance qui se tiendra le vendredi 10 décembre à 18H à la maison de l'instruction de Brioude à laquelle vous êtes convié.
Nous souhaitons vous rencontrer prochainement afin de connaître votre avis sur nos propositions.