Le comité de vigilance s’inquiète d’un non-rattachement de l’hôpital brivadois au GHT de Clermont

Article LA MONTAGNE

Alors que depuis quelques mois déjà, l'arrivée d'un scanner à l'hôpital de Brioude semblait avoir fait un sérieux pas en avant, le processus semble au point mort. Le comité de vigilance de l'hôpital de Brioude et des représentants des usagers au conseil de surveillance sont montés au créneau, lundi, à l'occasion d'une conférence de presse. La raison de leur inquiétude ? Le fameux scanner et, avant même de l'imaginer, le futur groupement hospitalier de territoire (GHT) de rattachement de Brioude qui, d'après eux, empêchera les patients de choisir entre une hospitalisation à Clermont ou au Puy. État des lieux de la situation en six points.

1  Depuis le décret salvateur de l'ARS demandant une étude sur un scanner à l'hôpital de Brioude, dont l'utilisation serait partagée entre l'établissement et son voisin issoirien, celle-ci commençait à se faire attendre. L'étude doit être réalisée par le CHU de Clermont, auquel Brioude souhaiterait être rattaché. Mais la possibilité de plus en plus envisagée de voir Brioude rattaché au GHT du Puy semble avoir mis un sérieux frein au lancement de cette étude. « Désormais, le CHU de Clermont attend de savoir à quel GHT sera rattaché le centre hospitalier de Brioude pour lancer l'étude », assure François Boudet, président du comité de vigilance.

2  Pour les membres du comité de vigilance, l'éventualité d'un rattachement au centre hospitalier Emile-Roux (CHER) du Puy n'est pas envisageable : « Le conseil de surveillance de l'hôpital de Brioude et les médecins généralistes du territoire se sont clairement prononcés pour le rattachement à Clermont, reprend François Boudet. Les généralistes brivadois travaillent déjà avec Clermont. Et la patientèle est tournée vers le CHU. » « Au niveau du comité de vigilance, nous avons proposé aux communes et intercommunalité d'adopter un vœu allant dans ce sens. Actuellement, 22 communes l'ont adopté, ainsi que trois communautés de communes (Brivadois, Pays de Paulhaguet et Pays de Blesle) », explique Alain Garnier, représentant des élus. Ce vœu est simple : un rapprochement vers Clermont dans le cadre du GHT, tout en assurant le maintien d'une activité au centre hospitalier de Brioude.

3  Pour le comité de vigilance, un rattachement au GHT du Puy pourrait stopper le projet de scanner à Brioude. Et pas seulement. Serge Baylot, représentant des usagers au conseil de surveillance du CH de Brioude, dresse un tableau plus qu'inquiétant : « Des praticiens quitteraient Brioude, car ils ne veulent pas aller opérer au Puy. » Une situation qui pourrait conduire, selon les pires scénarios du comité, à la fermeture de la chirurgie brivadoise. Des scénarios envisageant un abandon des urgences brivadoises par des patients ne souhaitant pas être transférés au Puy, voire Saint-Étienne.

4  Pour François Boudet et les membres du comité de vigilance présents lundi, il n'est ici question « que de politique ». L'hôpital Emile-Roux tient logiquement au GHT du Puy, qui le place au centre du dispositif d'organisation des soins sur le territoire, tout en l'adossant au CHU de Saint-Étienne. Il s'agit pour le CHER de pérenniser son existence et même renforcer ses missions. Or, si Brioude rejoint le GHT de Clermont : « Et bien dans ce cas, la loi Santé efface le département de Haute-Loire, explique Serge Baylot. Et le centre hospitalier Emile-Roux est englobé par le GHT de Saint-Étienne. » Et il risque de pâtir d'une réorganisation des soins sur l'ensemble du territoire.

5  Un comité hospitalier territorial rattachant Brioude au Puy a été mis en place il y a plusieurs années. « Dès le départ, il s'est avéré contradictoire avec le terrain, insiste François Boudet. Au même moment, un accord de coopération avait été signé avec Clermont. » « L'axe Brioude Issoire-Clermont s'impose naturellement », explique Serge Baylot : la plupart des médecins de ville ont des contacts sur Clermont ; des scénarios de rapprochements avec Issoire sont envisagés pour développer les services à moindre coût, réduire les déficits… Sans oublier l'argument géographique, « tant que la RN 102 n'est pas à quatre voies » : « Pour les usagers, le transfert à Clermont est une tradition qui n'est pas négociable. Il n'existe pas d'argument médical pour justifier un changement. Il y a à Clermont (à 45 minutes maximum) un praticien capable de les soigner aussi bien au CHU que dans les cliniques privées. » En face, « le CHER du Puy est lui-même très dépendant du CHU de Saint-Étienne ( pour certaines interventions NDLR), les usagers brivadois imaginent mal un transfert à deux heures de chez eux. »
Quant aux collaborations existant actuellement avec le Puy, elles montrent leurs limites selon Serge Baylot : « l'ophtalmologie prévoyait 500 opérations de cataracte or il n'y en a eu que 35 en 2015. Les coopérations avec les praticiens du Puy se terminent parfois par des propositions d'opération au CHER ou dans d'autres établissements… »

6  Le choix final du rattachement du centre hospitalier de Brioude sera pris par la direction générale de l'ARS Rhône Alpes Auvergne. Initialement prévue pour avril, l'idée de juillet comme limite de prise de décision a été avancée par la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
Pierre Hébrard


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