Asphyxié par des emprunts toxiques, l’hôpital de Brioude supprime des emplois

Reportage FR3 Auvergne

La direction du centre hospitalier de Brioude vient de confirmer la suppression d’une quinzaine d’emplois cette année. Cette prescription fait partie du plan de retour à l’équilibre financier.

Des départs en retraite non remplacés, des contrats à durée déterminée non renouvelés, voilà le remède de cheval pour sauver l’hôpital de Brioude (Haute-Loire).

Lors d’un comité technique d’établissement, vendredi dernier (29 avril 2016), la directrice a confirmé la suppression d’une quinzaine d’emplois (équivalent temps plein) sur un effectif d’environ 370 personnes (équivalent temps plein toujours).
Ces suppressions toucheront aussi bien les postes de soignants (infirmières, aides-soignantes) que les services logistiques et administratifs.

Emprunts toxiques

Claire Maynadier, à la tête de l’hôpital depuis janvier dernier, reconnait la gravité de la situation financière :
« Le déficit cumulé se monte à 6 millions d’euros sur un budget initial de 25 millions, ça nous pénalise dans notre fonctionnement quotidien, nous avons des difficultés pour honorer nos dettes envers nos fournisseurs et régler les charges sociales », admet la directrice.
Pour expliquer cette situation, il faut remonter à 2007, l’année où l’hôpital a ouvert son service de chirurgie.

D’après le président du comité de vigilance, François Boudet, c’est clair :
« En 2007, l’hôpital a dû faire beaucoup d’investissements et l’Etat n’a pas apporté sa part de financement prévue à hauteur de 60%, l’hôpital a recouru à des emprunts toxiques auprès de Dexia, avec des taux qui ont dépassé les 20%, cela pèse encore lourdement sur la situation financière. »

Aujourd’hui, selon la directrice, il ne reste plus qu’un seul des quatre emprunts toxiques de l’époque, et l’établissement s’en débarrassera complètement dès le mois de juillet pour le remplacer par un crédit plus courant à 3,3%, ce qui soulagera bien évidemment les finances.

Le personnel est inquiet

Selon la directrice, le personnel ne fera pas seul les frais de la situation.Un audit a été lancé pour optimiser la gestion et des mesures d’économie sont en cours sur les achats, la fonction hôtelière, la maintenance…
Il n’empêche, le personnel de l’hôpital considère que la situation est grave aussi bien pour l’emploi que pour la prise en charge des patients.

La déléguée CGT, Myriam Chevalier Bonnour prend l’exemple du service de gériatrie :
« La nuit, compte-tenu de la dégradation de la situation et de l’absentéisme, ce qui arrivait exceptionnellement est de plus en plus fréquent, à savoir qu’une seule infirmière doit gérer les malades répartis sur trois étages, ça pose des questions de sécurité ! »

Pour le syndicat, au-delà de la question des emprunts toxiques, la situation vient de la politique de santé :
« On ne donne plus aux établissements les moyens de fonctionner correctement, explique Myriam Chevalier Bonnour, avec la tarification à l’activité on a créé des déficits pour légitimer des suppressions de postes »
.
Une nouvelle rencontre est prévue prochainement entre la direction et les représentants syndicaux. Ceux-ci n’écartent pas l’appel à la grève et à manifester s’ils n’arrivent pas à infléchir le plan prévu par la direction de l’hôpital avec l’aval de l’Agence Régionale de Santé.

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